La photo là c'est à la fin, la toute fin... lorsque j'ai quitté la zone
d'arrivée pour reprendre un métro quelques kilomètres plus loin en
profitant de l'avenue des champs Élysées qui n'est pas dégagée tous les
jours.
Je préviens mes futurs supporters du marathon de NYC: supporter, c'est sportif. Entrainez-vous! Récit de 20km un dimanche matin.
Je commence vers 8h50 à Daumesnil, il y a des coureurs et je décide de remonter en courant (j'ai mis mon super T-shirt du semi-marathon de Paris donc j'ai l'air d'une vraie coureuse) jusqu'à l'entrée du bois de Vincennes (peu après la porte Dorée). Je me fais acclamer par les passants, c'est très drôle. Surtout que je cours moins de 2km et que je suis avec la vague de ceux qui font moins de 3h, autant dire quasiment que des hommes et plutôt des bons.
Je m'installe donc à 9h dans le kilomètre 9, juste à côté d'une star (mais comme je ne l'avais jamais vu, je ne l'ai reconnu qu'au bout d'un certain temps) :
Dominique Cheauvelier, en personne. Quand j'ai entendu les meneurs d'allure lui crier "Salut cheaucheau", j'ai capté [pour ceux qui ne le savent pas, Dominique Cheauvelier entraine les meneurs d'allure] et j'ai dû crier un "c'est vous?!" Mais bon, j'ai un certain talent pour faire la fan de base donc j'ai l'habitude de ça.
Là c'est amusant, je crie aux hommes et aux rares femmes qu'ils sont les plus beaux, les plus forts, les meilleurs qu'il est 9h (puis 9h02 puis 9h10 etc... je m'adapte) et qu'ils vont y arriver. Un coureur non-voyant me fait un grand sourire et bombe le torse lorsque je lui dis qu'il est le plus beau, c'est vraiment rigolo... et touchant.
J'encourage ainsi les coureurs qui espèrent finir en 3h/3h15... puis je file (en courant quelques kilomètres à nouveau) porte de Charenton où j'arrive au kilomètre 18 et là je retrouve un peu les mêmes, surement d'autres, je hurle en continu. Au bout de 10 minutes, je n'ai plus de voix et je crie "j'ai plus de voix, vous n'aurez bientôt plus de jambe mais on continue quand même", je twitte un peu, je tape dans les mains des coureurs (ou plutôt l'inverse: ils me tapent dans la main). Il faut dire que c'est très énergisant ce contact physique -pour l'avoir vécu comme coureuse, j'avais adoré. Les coureurs me disent "merci" et me font signe qu'ils apprécient que je m’époumone. Certains rigolent à mes tentatives de blagues idiotes ou mes jeux de pom-pom girl. Quelques autres filles sont au même endroit que moi pour encourager les gens et sont très sympas. Il y a une bonne ambiance et je reste là au moins 20 minutes.
Je reconnais à un moment un mec qui me tape la main et je pars courir avec lui sur quelques centaines de mètres jusqu'à la sortie du bois de Vincennes où je continue de courir mais de l'autre côté de la Seine.
Une heure plus tard, je découvre enfin un point d'eau en bord de Seine... il fait très chaud, je vois les autres coureurs de l'autre côté du fleuve, j'ai faim et envie de pisser et il y a peu de sanisettes dans Paris. Je décide, arrivée à Birhakeim, alors que nous commençons à être de gros groupes de supporter en de prendre le métro (j'ai couru 15km à ce moment là d'après mon GPS).
Un groupe de 5 Italiens de Bologne venus encourager leurs amis et petits-amis cherchent l'arrivée. Je les emmène Porte Dauphine en constatant à quel point le métro n'est pas très bien fléché. Je les laisse au finish et pars un peu plus loin. Je ne trouve pas le km 40 où je voulais aller (faute de pouvoir traverser les barrières et parce que la place Dauphine est blindée) et je me retrouve au km 41 où la zone est super dense avec plein de supporters.
Paradoxalement, c'est moins drôle, peut être parce que je suis fatiguée, peut être parce que les barrières empêchent d'être proche des coureurs, aussi l'application qui permet de suivre les coureurs est tombée en rade et tous les supporters sont perdus. Je ne reconnais quasiment personne. Une petite fille encourage les coureurs par leurs noms (indiqués sur les dossards). C'est assez mignon. Je me rends compte en lisant les noms qu'il doit y avoir beaucoup de nationalités et je finis par reconnaitre quelques coureurs que j'ai encouragés au km18. J'aurai bien aimé revoir le non voyant rigolo et quelques autres mais je ne trouve personne et je me dis que je vais aller vers la toute fin, féliciter ceux qui ont eu leur médaille.
Je me souviens à la fin du semi de Paris et j'étais super fière de moi mais il y a un peu un truc comme si une fois que c'était fait c'était normal alors qu'on se sent un super héro et personne ne le voit. Bref, j'avance, j'ai super soif. Je discute à travers le grillage avec des marathoniens, une fille m'offre une petite bouteille d'eau et me remercie d'avoir encouragé les coureurs. Une autre fille, une mexicaine, me dira dans le métro "Paris c'est le plus beau marathon du monde parce que c'est la plus belle ville du monde mais New-York est le seul où les gens ont une culture de l'encouragement et c'est la plus belle ambiance". D'une certaine façon, j'aurai fait les deux.
En rentrant, en lieu et place d'aller grimper comme prévu, j'ai dormi 2 heures.